Portrait #2 – Eve-Anne Gaudin, Chargée d’affaires chez Hemery-Hervieux
24 juin 2022
Un nouveau portrait, c’est un nouveau parcours, un autre regard aussi sur notre secteur d’activité. Avec Eve-Anne Gaudin, chargée d’affaires au sein d’Hemery-Hervieux, nous vous invitons à découvrir un métier technique et varié, qui est aussi un pivot dans la réalisation des charpentes métalliques. L’occasion aussi de revenir sur la place des femmes dans le bâtiment et d’encourager chacune et chacun à prendre la voie qui lui tient à cœur.
Bonjour Eve-Anne, en tant que chargée d’affaires chez Hemery-Hervieux, vous travaillez sur la conception de charpentes métalliques. Le bâtiment, c’est un secteur d’activité qui vous a toujours attirée ?
Oui, depuis toute petite, j’ai toujours voulu travailler dans le bâtiment. Je me voyais architecte parce que, pour moi, c’était le métier, à l’origine de la conception de bâtiments, dont j’avais connaissance. Je voulais faire des plans, des dessins et des calculs surtout. J’ai toujours adoré les maths !
Alors, j’ai passé un bac scientifique, puis je suis entrée en IUT Génie Civil à Rennes. Pendant deux ans, j’ai appris le côté technique, puis j’ai passé trois ans en école d’ingénieur où j’ai développé la partie calcul et approfondi mes compétences en génie civil.
Il y a 4 ans, vous avez intégré le bureau d’études chargé de la conception des charpentes métalliques chez Hemery-Hervieux. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Pendant mes études, j’ai eu l’occasion de faire plusieurs stages, notamment dans un bureau d’études spécialisé dans le béton, mais aussi dans des cabinets d’architecture qui concevaient des charpentes métalliques. Je me suis aperçue que ce type de conception reposait sur un très grand nombre d’éléments à calculer. Moi, c’est justement ce que j’aime alors début 2018, je suis entrée en stage chez Hemery-Hervieux pour une durée de 6 mois.
A l’issue de mon stage, j’ai été embauchée au poste de calculatrice. Pendant deux ans, j’ai travaillé en lien étroit avec les chargés d’affaires pour concevoir des charpentes métalliques avant de prendre à mon tour un poste de chargée d’affaires.
En quoi les étapes de votre parcours au sein d’Hemery-Hervieux ont-elles été importantes pour le poste que vous occupez aujourd’hui ?
Commencer mon parcours en tant que calculatrice a été une excellente formation. Cela m’a permis de connaître les détails des calculs, de comprendre le fonctionnement de l’entreprise et de bien maîtriser la partie opérationnelle. La relation avec le client et les autres corps d’état était gérée par le chargé d’affaires qui me supervisait. J’ai pu me concentrer pendant deux ans sur la conception et les échanges en interne avant de m’investir dans le poste de chargée d’affaires, beaucoup plus ouvert sur l’extérieur.
Justement, en quoi consiste votre métier de chargée d’affaires ?
C’est un métier très complet qui mobilise à la fois des compétences très techniques et de coordination d’équipe. J’ai toujours une partie calcul. Sur la base de plans fournis par les architectes, je dois calculer les dimensions de toutes les pièces d’une charpente métallique (poteaux, poutres…) avant de transmettre les informations au dessinateur qui réalise les plans d’élévation et les plans de fabrication.
Ce qui change surtout, ce sont les réunions avec le client et les différents corps d’état dès l’amont de la conception. Quand je fais les calculs, je dois tenir compte que ce que l’on appelle « les réservations ». Ce sont par exemple les portes et les fenêtres qui vont être intégrées sur la façade. Je dois prévoir leur position et leurs dimensions dans mes calculs. Je peux aussi avoir des cas spécifiques comme un pont roulant qui sera supporté par la charpente.
Les entreprises avec qui j’ai le plus d’interactions sont le maçon, le menuisier, le couvreur et le bardeur. Quand le bardage et la couverture sont réalisés par Hemery-Hervieux, c’est plus facile pour se caler ! La complémentarité de nos activités est un véritable atout, surtout quand un projet comporte des détails un peu plus complexes.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre mission ?
Chargée d’affaires, c’est vraiment un métier ouvert sur l’extérieur. Pour mener à bien ma mission, je dois bien comprendre ce dont les autres intervenants ont besoin alors j’échange beaucoup. En étant en lien avec le terrain, je touche à plein de choses, j’apprends… sur des détails de fabrication ou de pose par exemple, ce qui me permet de jouer sur l’efficacité de réalisation et de pose lorsque je conçois la charpente.
Ce n’est pas un métier cloisonné : je fais de la conception, j’établis le planning général et surtout, je coordonne ! Pour que le chantier soit réalisé dans les temps, c’est à moi de définir quand dessiner, quand fabriquer. Je planifie chaque étape en lien avec les responsables de ces pôles avec qui je m’assure de la faisabilité et avec le conducteur de travaux qui prend le relais une fois la charpente fabriquée. Lui et moi, nous sommes garants de la cohérence du projet, de sa réalisation à sa livraison.
Selon vous, quelles sont les qualités requises pour être chargé d’affaires ?
Je pense qu’il faut être bien organisé car ce poste demande beaucoup de coordination. Le chargé d’affaires pilote le dessinateur et la fabrication, il doit suivre le planning, relancer les différents intervenants. Aimer le contact est donc aussi primordial.
Côté calculs, il faut être très rigoureux et aussi motivé par l’aspect économique d’un projet. Le plus gros challenge, je trouve, c’est de réussir à optimiser une charpente tout en s’assurant qu’elle sera réalisable. Il faut toujours avoir cet objectif en tête. Ce défi est une véritable source de motivation pour moi !
Côté projets, y a-t-il une réalisation qui vous a marquée ?
Je travaille sur tout type de projet : super- et hypermarchés, extensions de zones de stockage, parkings, plateformes logistiques, usines… Je me souviens de la réalisation d’un bâtiment à Liffré (35). Nous devions concevoir une « casquette », autrement dit une avancée, qui était un peu biscornue avec plusieurs angles. Avec le dessinateur, nous avons passé beaucoup de temps à calculer et à échanger pour être sûrs que le projet soit à la fois esthétique et réalisable. Un beau défi que nous avons relevé !
A 26 ans, vous êtes une jeune chargée d’affaires et une femme dans un secteur où elles se font rares. Comment le vivez-vous ?
Je le vis bien. Je pense que cela n’a pas beaucoup d’impact sur moi parce que j’adore ce que je fais et que j’ai toujours voulu travailler dans ce secteur. C’est vrai qu’en IUT, il y avait 20% de femmes et en école d’ingénieur 50%. Aujourd’hui, je suis souvent la seule femme en réunion de chantier.
J’avoue que j’appréhendais un peu cet aspect-là du métier, de me retrouver en réunion face à des hommes plus expérimentés. On entend beaucoup de choses sur le monde du bâtiment qui est finalement bien plus ouvert qu’on ne peut le penser.
Je pense qu’en tant que femme, on va plus spontanément vouloir m’aider et le fait d’être passée par l’étape calculatrice a été une bonne chose. Cela m’a permis d’être plus sûre de moi et même si parfois, je sens un léger décalage, je pense que la mixité est une vraie richesse. Elle apporte de la diversité dans les approches.
Qu’auriez-vous envie de dire aux femmes qui ont envie de faire ce métier ?
Hommes ou femmes, j’ai envie d’encourager les jeunes à faire ce qui leur plaît, à ne pas se bloquer par rapport à l’image que peut avoir un métier ou un secteur d’activité. Le bâtiment est un domaine convivial et chaleureux. Moi-même, j’accueille une stagiaire en alternance qui a un peu le même parcours que moi. C’est vrai que c’est sympa de travailler avec une autre femme, ça change !
J’ai eu la chance d’être encouragée dans mes choix donc je le souhaite vraiment aux autres.
S’il y avait un mot à retenir aujourd’hui ?
Je dirai « conception ». Concevoir un bâtiment, c’est vraiment mon moteur. J’aime imaginer, entrer dans les détails, relever le défi de faire émerger un projet réaliste. On peut rêver certes, mais la réalisation d’un bâtiment doit être ancrée dans la réalité. J’aime savoir que mon métier contribue à rendre un projet concret.
Merci Eve-Anne de nous avoir partagé votre parcours, la vision de votre métier et ce qui vous anime au quotidien. Nous souhaitons vivement que votre expérience puisse être un révélateur pour certaines ou certains qui cherchent leur voie professionnelle.