C’est notre histoire ! #Episode 2 : Hemery
3 mai 2022
Hemery-Hervieux, deux noms, deux entreprises, deux histoires. Réunies par l’actuel dirigeant Rémi Berneau pour n’en faire qu’une, l’entreprise mise aujourd’hui sur ses complémentarités pour écrire une nouvelle page de son histoire.
Après celle de la société Hervieux (voir #Episode 1), découvrez l’histoire de l’entreprise Hemery racontée par son fondateur lui-même, Monsieur Louis Hemery. Nous le remercions d’avoir pris le temps de nous partager ses souvenirs et de nous avoir offert ce voyage dans le temps. L’évolution d’une entreprise est aussi le miroir des époques qu’elle a traversées.
Tout commence dans les années 60…
« Revenu du service militaire en 1960, l’idée de créer mon entreprise dans la métallerie me trotte dans la tête. » Originaire de Saint-Nicolas-de-Redon, Louis Hemery a fait ses études au lycée Saint-Joseph, devenu aujourd’hui le lycée Marcel Callo. Sa formation d’origine : un CAP mécanique générale et un brevet de dessin industriel. Pourtant, il aurait pu s’engager dans une carrière complètement différente. « J’étais passionné de cyclisme, je me suis arrêté juste avant de passer professionnel ! »
Mais il tient à son idée et part faire un stage en ferronnerie, à Nantes, chez un ami de son père. Il veut apprendre la technique mais aussi la partie commerciale. « Je voulais savoir faire des devis ». A son retour, son père, artisan sabotier, prend sa retraite. Il lui propose de s’installer dans son local, situé au fond du jardin de leur lieu d’habitation.
Le 13 juillet 1962, Louis Hemery s’y installe. Il embauche un ouvrier et un apprenti qui fera d’ailleurs toute sa carrière avec lui. « A cette époque, les constructions de maisons individuelles sont en plein essor et les clients raffolent des balcons, des rampes en fer forgé sans oublier les clôtures et les portillons métalliques. »
Pour répondre à la demande, il embauche mais rapidement les locaux deviennent trop petits. « A cette époque, nous travaillions dehors sous un auvent de fortune. Il fallait agrandir, mais où ? » Ne trouvant pas de terrain industriel adapté, il décide finalement de construire un local, toujours dans le jardin, dans le prolongement de la construction existante. Le nouveau bâtiment de 400 m² comprendra un rail central avec un palan manuel afin de pouvoir charger et décharger les camions. Il sera terminé fin 1966.
De la serrurerie à la chaudronnerie
A la fin des années 60, les modes de chauffage évoluent. De plus en plus de maisons s’équipent d’un chauffage central au fuel. Louis Hemery qui pense toujours « à demain » choisit de diversifier son activité. De la fabrication d’ouvrages en fer, également appelée serrurerie ou ferronnerie, l’activité de l’entreprise s’oriente alors vers la chaudronnerie. Il achète une rouleuse pour tôle afin de fabriquer des citernes. Les réservoirs à fuel rectangulaires et cylindriques sont alors réalisés de façon artisanale, en petites quantités. L’entreprise intervient sur son territoire de proximité.
Elle réalise également des moules en métal pour les plaques de clôture et les garages, des poteaux avec feuillures en béton, des buses pour l’écoulement des eaux ainsi que des bordures de trottoir.
En 1969, la société compte 15 salariés. « Encore une fois, le bâtiment devient trop exigu. Il faut partir, mais où ? » A cette époque, il n’y a pas de zone artisanale sur la commune et pourtant, Louis Hemery veut rester à Saint-Nicolas-de-Redon. « Tout ce que l’on me proposait, c’était un site loin des axes de circulation alors j’ai acheté un terrain familial au lieu-dit « Les Bauches ». Ce terrain, je le voulais déjà quand j’avais 14 ans ! »
Hemery, une entreprise qui ne cessera de grandir et de s’agrandir
Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, pas de téléphone mais le terrain a l’avantage d’être bien situé et… il pourra accueillir de futures extensions ! L’entreprise obtient les raccordements au téléphone et à l’électricité. Pour l’eau, Louis Hemery fait creuser un puits. C’est alors la construction d’un bâtiment en charpente métallique de 1400 m² qui s’engage. Ce sont les salariés eux-mêmes qui le construisent en parallèle de l’activité dédiée aux clients de l’entreprise.
Le 1er janvier 1970, la société Hemery change de statut et devient une SA. « Nous entrons dans les locaux courant 1971. »
En même temps que les bâtiments, l’activité de chaudronnerie s’est développée avec la fabrication de réservoirs destinés au stockage de produits pétroliers. L’évolution très rapide de ce marché nécessite de nouveau une extension des locaux, y compris en hauteur ! « Ces citernes à usage professionnel étaient beaucoup plus hautes. A peine était-il terminé que nous avons dû couper tous les poteaux du bâtiment pour le rehausser ! »
Pour répondre à la demande croissante et pérenniser l’activité de l’entreprise, il faut gagner en productivité. Louis Hemery choisit donc d’implanter une ligne de soudage automatique avec SAF (Soudure Autogène Française). « A l’époque, c’était une véritable innovation. Elle a mis environ 8 mois à sortir. C’était plus long que prévu, elle a failli nous coûter des clients ! » Au final, elle permettra de passer de 7 à 8 heures en fabrication manuelle à 2 heures en automatique pour un réservoir standard de 2 000 litres. De quoi gagner des parts de marché importantes ! « Grâce à cette automatisation, nous pouvions livrer plus de 700 cuves par mois, ce qui représente 200 tonnes de tôle. Nous intervenions dans un rayon de 150 km, de la Bretagne jusqu’à la Vendée. » L’entreprise compte alors entre 25 à 30 salariés.
Savoir s’adapter et rebondir, le credo de Louis Hemery
Alors qu’elle commence à prendre sa vitesse de croisière, l’entreprise Hemery doit faire face, en 1973, au premier choc pétrolier. La vente des réservoirs diminue, c’est le début du chauffage électrique dans les maisons individuelles.
Il faut s’adapter et trouver une nouvelle clientèle. En 1974, l’entreprise se tourne vers la fabrication de grands réservoirs pour les stations services, ce qui permet de compenser la baisse de la demande de petits réservoirs pour les particuliers. « Ces grosses unités pouvant aller jusqu’à 100 m³ comportaient parfois plusieurs compartiments, c’était et c’est toujours un véritable savoir-faire ! »
Mais en 1976, c’est la seconde crise pétrolière ! Un climat d’incertitude règne au niveau mondial et l’entreprise connaît une très forte baisse de ses commandes de réservoirs à fuel. Pour Louis Hemery, il est nécessaire de se diversifier une nouvelle fois :
- l’énergie nucléaire se développe et l’entreprise étend son activité de chaudronnerie à la fabrication de cinq centrales à béton, elles-mêmes destinées à la réalisation de cinq centrales nucléaires ainsi qu’à la fabrication de quatre silos à ciment d’une capacité unitaire de 400 tonnes.
- la charpente métallique devient la 3e activité du groupe qui choisit d’investir dans plusieurs lignes de production dont une ligne de soudure automatique.
De nouveau, les bâtiments sont agrandis et l’entreprise s’équipe de deux ponts roulants de dix tonnes de levage.
L’arrivée des nouvelles technologies dans la métallerie
En 1987, soit plus de dix ans après, ce sont les technologies informatiques qui font leur entrée dans l’entreprise. Pour Louis Hemery, « il est important d’être en phase avec son époque ». La stratégie de développement de l’entreprise s’appuie alors sur ces innovations, sur l’investissement dans des machines performantes et de nouvelles méthodes de production assistées par ordinateur.
Grâce à ces nouveaux procédés, la fabrication des charpentes et des réservoirs est améliorée et offre également de nouveaux débouchés. En 1994, alors que la 1ère Guerre du Golfe a fragilisé l’entreprise, elle se lance dans la fabrication de bennes pour collecte et dans le transport de déchets et de compacteurs.
Rémi Berneau reprend l’entreprise Hemery
Nous sommes maintenant en 1997. Après presque 40 ans d’activité, Louis Hemery souhaite céder sa société. De son côté, Rémi Berneau cherche à reprendre une entreprise dans le secteur de la production industrielle. En charge des investissements dans un groupe qui achète des cuves à l’entreprise Hemery, il s’étonne que celle-ci ne réponde pas à un nouveau marché. « J’ai alors appelé Monsieur Hemery qui m’a annoncé qu’il voulait céder son entreprise. Je lui ai dit : Je viens vous voir dès demain ! »
Le 3 mai 1998, Rémi Berneau signe la reprise de l’entreprise Hemery, de ses activités de chaudronnerie et de charpente métallique ainsi que de ses 35 salariés. Pour Louis Hemery, son parcours entrepreneurial aura été « une sacrée aventure ! » Homme de terrain, comme il se qualifie lui-même, il aura appris à tout faire et il l’assure, « il est important d’être visionnaire. »
Pour Rémi Berneau, c’est alors une nouvelle page de l’histoire de l’entreprise qui commence.